LES CHIENS DE CHASSE
Les duos de détective sont nombreux dans la littérature policière. En voici un nouveau, Line Wisting, journaliste, spécialisée dans les enquêtes criminelles et William Wisting son père membre de la brigade criminelle.
William Wisting est un policier exemplaire : intègre, honnête.et reconnu comme tel. Tout change lorsque l’avocat -d’un homme reconnu coupable dix-sept ans plus tôt de l’enlèvement et du meurtre d’une jeune femme-, accuse la police d’avoir fabriqué des preuves permettant de faire condamner son client. Et en effet, il s’avère rapidement qu’il y a bien eu falsification, hors, à l’époque William était le responsable de l’enquête.
Suspendu de ses fonctions, il subit une énorme pression juridique comme médiatique, pression d’autant plus forte qu’une nouvelle jeune femme vient de disparaitre alors qu’il ne peut plus participer à l’enquête et que pour tout arranger son couple est en train d’exploser.
Seul, isolé (il ne sait ni qui a falsifié les preuves, ni pourquoi), mais avec l’aide et le soutien de sa fille, il décide de reprendre le dossier : son angoisse, que son équipe et lui, soumis à de multiples influences extérieures, aient été victime du syndrome du « chien de chasse » : qu’ils se soient précipités sur la première piste fraiche, en négligeant d’autres, peut-être, plus importante et surtout car le risque est là, également, sur interprétant et triant consciemment ou inconsciemment les faits et les indices pour continuer dans cette direction.
Voilà ce qui rend ce deuxième roman de Jorn Liern Horst (ancien officier de police) si palpitant. L’auteur nous entraine au cœur du maelstrom qu’est une enquête policière. Il décortique pour nous chaque étape, analysant des archives et interrogeant des souvenirs vieux de dix-sept ans et nous montre comment malgré les progrès de la science et de la technologie le facteur humain reste déterminant, comment l’éducation, les préjugés, l’impatience. peuvent facilement orienter les enquêteurs. Ce qui, au regard des enjeux est tout bonnement terrifiant.
De Jorn Lier Horst,
Traduit du norvégien par Helene Hervieu,
Gallimard, 2018,
Série noire,
460 pages.